Les travailleurs et les salaires ne sont pas un « coût », mais un investissement

Lecture d'aujourd'hui Émission matinale de Politico Dans une chronique de l'hebdomadaire The Washington Post, cette phrase est ressortie d'un court article sur les efforts des républicains du Wisconsin pour abroger la loi sur le salaire minimum de l'État : « Il s'agit d'une loi vieille de 80 ans qui exige que les travailleurs des chantiers de construction pour les gouvernements locaux et étatiques soient payés un salaire que l'État détermine comme représentant la norme en vigueur - un calcul qui tend à augmenter les coûts de main-d'œuvre. » Le biais de cette construction est assez simple, et c'est un biais qui est souvent répété par les journalistes bien qu'il s'agisse d'un cadre très clairement anti-travailleur : les travailleurs sont un « coût » et non un investissement et pas la partie d'une entreprise qui fait le travail qui génère les profits de l'entreprise. En d'autres termes, cette construction courante dit que les travailleurs sont un obstacle gênant au lieu d'être la source de revenus dont une entreprise a besoin pour survivre et se développer.

Quand avez-vous entendu pour la dernière fois un journaliste parler de la rémunération des PDG comme d’un « coût de la main-d’œuvre », alors que pour de nombreuses entreprises, ces énormes paiements sont bien plus importants que le montant que toute loi sur le salaire minimum pourrait augmenter pour les travailleurs ? Quand avez-vous entendu pour la dernière fois parler d’autres coûts courants, comme l’achat de machines pour fabriquer des produits ou la levée de capitaux d’investissement, comme d’un type de fardeau similaire ? Quand avez-vous parlé pour la dernière fois de la rémunération des travailleurs comme d’un investissement qui fait croître une entreprise ? Quand avez-vous entendu pour la dernière fois que l’embauche de travailleurs et leur rémunération adéquate augmentaient les bénéfices d’une entreprise, alors qu’il est assez évident que ce phénomène se produit tout le temps ?

Ces questions sont rhétoriques, mais celle-ci ne l'est pas : pourquoi insiste-t-on pour répéter les arguments d'extrême droite contre les travailleurs comme s'il s'agissait de faits ? Les journalistes, qui représentent l'objectivité et l'équilibre, ont la responsabilité de ne pas favoriser les intérêts des entreprises au détriment de ceux des travailleurs.

Cette insistance à considérer les travailleurs comme secondaires par rapport aux intérêts des chefs d’entreprise montre qu’il est nécessaire de faire évoluer le débat aux États-Unis. Les journalistes n’inventent pas ce langage ; ils rapportent ce que disent les politiciens, les experts et les chefs d’entreprise anti-travailleurs. Mais le débat commence à changer, et ce sont les familles qui imposent le changement. Elles s’attendent à ce que nous restions silencieux et les laissions faire ce qu’elles veulent, mais nous préférons parler d’augmentation des salaires, d’élargissement de la classe moyenne et de réalisation du rêve américain pour davantage de familles qui travaillent. Lorsque le débat national n’inclut qu’un seul côté de l’histoire, non seulement il exclut la plupart des Américains, mais il contribue également à la stagnation des salaires et crée un obstacle à l’octroi d’augmentations aux gens.

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